En
1979, alors que des membres de sa famille sont impliqués dans la
prise de la Grande Mosquée de la Mecque, il est approché par le prince Turki Al Fayçal, alors chef des services secrets de l'Arabie saoudite (de
1977 à
2001), actuel ambassadeur d'
Arabie saoudite à
Londres, et fils de l’ancien roi
Fayçal ben Abdel Aziz Al-Saoud (de
1964 à
1975). À l'époque, le régime du
Shah d'Iran vient d'être
renversé par une révolution qui porte à sa tête l’
ayatollah Khomeini, tandis que l'
URSS envahit l'Afghanistan quelques mois plus tard. L’
islamisme commence à devenir une force géopolitique importante, remplaçant peu à peu le
marxisme et le
panarabisme comme principale
idéologie populaire au
Moyen-Orient. De nombreux
moudjahidins viennent combattre en Afghanistan contre l'URSS, soutenus par l'
Arabie saoudite qui y voit une possibilité de diffusion du
wahhabisme, le
Pakistan via son
Inter-Services Intelligence qui se verrait à terme à la tête d'une future internationale islamique et la
CIA.
Le prince saoudien Turki demande à un Ben Laden enthousiaste d'organiser le départ des volontaires pour l'Afghanistan et leur installation à la frontière pakistanaise. En arrivant sur place, le jeune homme découvre des militants motivés, mais très peu organisés. L'amateurisme règne. Ben Laden coordonne l'arrivée des militants à
Peshawar via une organisation appelée « Bureau des services ». Il met en place une véritable organisation et assure la formation militaire et idéologique des combattants (camps d'entraînement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que l'approvisionnement en armes. Peu à peu, il prend en charge les familles. Il s'occupe des veuves et de l'éducation religieuse des enfants. L'organisation devient alors une véritable fraternité et une nouvelle force politique dans un Afghanistan déjà morcelé.
C'est ainsi que le jeune homme timide prend de l'assurance, tandis que son
prestige grandit. On dit que sa rencontre avec un ressortissant indien extrêmiste au pseudonyme de M.Fantome aurait été en partie déterminante dans l'évolution de sa personnalité et de sa détermination. Il aurait lui-même participé à quelques combats
[6]. En 1989 son mentor et ami, le Palestinien Abdallah Youcef Azzam, est assassiné. Oussama Ben Laden se retrouve alors à la tête de l'organisation. Elle est la base d'
Al-Qaida, qui se transforme bientôt en logistique du
djihadisme international, certains vétérans d'Afghanistan partant ensuite combattre sur d'autres fronts (en
Tchétchénie, en
Yougoslavie, etc.) Durant toute cette décennie, Ben Laden rend régulièrement compte au prince Turki, effectuant de nombreux voyages en Arabie Saoudite.
L'organisation de Ben Laden ne reste néanmoins, à l'époque, que l'une des nombreuses factions existant en Afghanistan, pays obéissant davantage à des logiques tribales qu'idéologiques. Alors que dans beaucoup de régions afghanes, une version modérée de l'islam est respectée, beaucoup de moudjahiddins se méfient de la venue d'étrangers véhiculant le
salafisme. Le
commandant Massoud, notamment, refuse toute alliance. Oussama Ben Laden se rapproche alors de
Gulbuddin Hekmatyar, un chef fondamentaliste local et « principal bénéficiaire, selon
Noam Chomsky, des 3,3 milliards de dollars d'aide (officielle) des États-Unis aux rebelles afghans (un montant à peu près équivalent étant, dit-on, fourni par l'
Arabie saoudite) »
[7]. Hekmatyar est aussi, à l'époque, soutenu par le
Pakistan qui voudrait le voir à la tête du pays après le départ des Soviétiques.
En février 1989 les Soviétiques annoncent leur retrait d'Afghanistan. Les djihadistes veulent poursuivre le combat jusqu'à la prise du pouvoir à
Kaboul. Cependant, les États-Unis qui ont atteint leur objectif, et l'Arabie saoudite, stoppent le financement et le soutien logistique massif.
1989 - 1993 : la ruptureOussama Ben Laden se sent trahi, mais à son retour en Arabie saoudite, il est considéré en héros. Il organise des conférences dans les mosquées, dans les écoles, à l'université sur son « djihad » contre l'
armée soviétique.
Lors de la
Guerre du Golfe (1990-1991), Oussama Ben Laden propose au
roi Fahd d'utiliser sa milice pour défendre le pays contre une éventuelle invasion des troupes
irakiennes. Ce dernier refuse et préfère ouvrir son territoire à l'
armée américaine, prêtant ainsi le flanc à l'accusation selon laquelle il aurait autorisé les «
infidèles » à « souiller le sol sacré » de l'Arabie saoudite. Ben Laden se fait alors de plus en plus critique vis-à-vis de la famille royale, et va jusqu'à accuser les princes de corruption. En 1994, il est
déchu de la nationalité saoudienne.
Pressé de quitter le pays, il se rend alors à
Khartoum, au
Soudan, où il est accueilli par
Hassan al-Tourabi, qui dirige le
Front national islamique soudanais (FNI). Il s'installe dans le pays, y investit et fait quelques affaires (routes, exportations agricoles, acquisitions foncières, activités bancaires en accord avec les principes de la
banque islamique).
Il reste cependant en relations discrètes avec certains membres du régime saoudien (la famille royale est en effet peu unie). De même, il aurait gardé des relations avec la
CIA ; son nom de code aurait été « Tim Osman ».
1993 - février 1996 : les années troubles
Ben Laden suit et finance les moudjahidins islamistes les plus radicaux revenus après la guerre d'Afghanistan dans leur pays d'origine (ils y sont surnommés « les Afghans »). Il finance également des camps d'entraînement. Dès décembre 1992 un groupe financé par Ben Laden est responsable d'un attentat au Yémen contre les soldats américains en route pour l'opération Restore Hope en Somalie.
La même année, un attentat touche le World Trade Center, et fait 6 morts. Un groupe lié à Oussama Ben Laden est soupçonné. Cependant, l'enquête du FBI aurait été freinée par la CIA .
Oussama Ben Laden profite en effet de la politique d'une partie de l'administration Clinton, soutenue par le lobby pétrolier. Celle-ci a plusieurs objectifs : le soutien à des régimes stables en Asie centrale afin de permettre l'acheminement du pétrole, la lutte contre l'influence russe dans la région et une politique résolument engagée contre l'Iran chiite. Pour cela, il faut soutenir l'islamisme sunnite issu notamment du Pakistan et de l'Arabie saoudite . C'est pourquoi Oussama Ben Laden n'est pas perçu uniquement comme une menace . Cependant, cette stratégie est infléchie dans les derniers temps du mandat de Bill Clinton.
Le 26 mai 1995, Al-Qaida est soupçonné d'avoir participé à 'une tentative d’assassinat contre le Président égyptien Hosni Moubarak
En février 1996, Oussama Ben Laden lance un appel à attaquer les intérêts américains partout dans le monde. Il devient dès lors un ennemi officiel des États-Unis, qui obtiennent son expulsion du Soudan. Il se réfugie alors en Afghanistan, passé sous contrôle des talibans depuis 1996.
Depuis 1996 : le terrorisme de masse, la traque et la communication
Le premier
mandat d'arrêt lancé sur sa personne date de mi-avril
1998 et il émane d'
Interpol à la demande de la
Libye suite à l'assassinat en
1994 sur son sol d'un couple de citoyens allemands, les Backer, des agents secrets de l'
Office fédéral de protection de la constitution[10] (Bundesamt für Verfassungsschutz/BfV). Depuis lors, l'
Espagne et les États-Unis ont également demandé des notices rouges sur lui à Interpol .
Les
États-Unis le tiennent pour responsable des attentats à la bombe dirigés contre les ambassades américaines de
Nairobi au
Kenya (213 morts dont huit Américains) et de
Dar es Salaam en
Tanzanie (onze morts, tous Tanzaniens) le
7 août 1998.
Une preuve tangible de la forte présence de l'
ISI en Afghanistan a été donnée par la protestation officielle pakistanaise lors du bombardement américain de représailles par
missiles de croisière contre les camps dirigés par Ben Laden le
12 août 1998 qui tua cinq officiers de ce service
[12].
En
1999, deux colonels de l'
armée chinoise le citent abondamment dans leur livre La Guerre hors limites où il est désigné comme un grave péril futur
[13].
Épaulés par le Pakistan, les États-Unis négocient avec les talibans, qui soufflent le chaud et le froid. Les
attentats du 11 septembre 2001 stoppent brutalement cette négociation.
Depuis 2001, le gouvernement américain offre 25 millions de dollars pour toute information conduisant directement à sa capture, et une prime additionnelle de deux millions de dollars est offerte conjointement par la «
Air Line Pilots Association » et la « Air Transport Association » . À chaque agression, Ben Laden se réjouit des attentats, mais ne les revendique pas. À partir de ce moment, les États-Unis veulent officiellement Ben Laden « mort ou vif ».
En août
2001, le prince Turki est limogé par le régime saoudien.
Oussama Ben Laden est considéré par les pays occidentaux comme le principal responsable des
attentats du 11 septembre 2001 contre le
World Trade Center et le
Pentagone. Il n'a lui même jamais revendiqué les attentats contre le
World Trade Center du 11 septembre 2001 bien qu'il se soit félicité de leur tenue.
La chaîne
qatarie Al-Jazira publie le
12 novembre 2002 un message sonore reconnu par les autorités des États-Unis comme provenant d'Oussama Ben Laden. Celui-ci met en garde et menace plusieurs
pays occidentaux de nouveaux attentats s'ils continuent à soutenir « le gang des bouchers de la
Maison Blanche ».
Après les
attentats du 11 septembre 2001, le président des États-Unis
George Walker Bush déclenche une
guerre en Afghanistan dans le but déclaré d'anéantir
Al-Qaida. Ben Laden échappe toujours totalement à ses poursuivants. La CIA pense qu'il se cache dans les
régions tribales au nord-ouest du
Pakistan. Selon l'
IDIAP Research Institute de
Martigny en
Suisse au moins un des messages de Ben Laden authentifiés par la CIA (celui du
12 novembre 2002) serait un faux.
Le
30 octobre 2004, une vidéo diffusée par la chaîne d'information en arabe Al-Jezira quatre jours avant les élections présidentielles aux États-Unis tendrait à montrer qu'Oussama Ben Laden est toujours en vie au moment de l'enregistrement malgré les rumeurs persistantes de décès dans les montagnes à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan. Ce dernier renvoie dos à dos les deux candidats et annonce de futurs attentats. Il affirme que contrairement à la thèse de dirigeants américains, son but n'est pas de lutter contre la liberté, auquel cas il se serait attaqué à des États nordiques. Il estime que les attaques contre le
World Trade Center sont une mesure de rétorsion contre les « tueries » organisées par les militaires américains.
Le
27 décembre 2004, la chaîne de télévision
Al-Jezira a diffusé un enregistrement audio, attribué à Oussama Ben Laden, désignant le Jordanien
Abou Moussab al-Zarqaoui comme son adjoint en
Irak et appelant à un
boycott des élections prévues le
30 janvier 2005.
Le
19 janvier 2006, après un an de silence, Al-Jezira diffuse un nouvel enregistrement audio où Oussama Ben Laden annonce la préparation de nouvelles opérations terroristes et propose une « trêve » en échange d'un retrait des troupes américaines en Irak et Afghanistan : « Nous n'avons pas d'objection à vous offrir une trêve (hudna) de longue durée dans des conditions justes que nous respecterons, parce que nous sommes une nation à laquelle Dieu interdit la traîtrise et le mensonge ». Une trêve aussitôt refusée par la
Maison Blanche. L'absence d'images alimente de nouvelles spéculations selon lesquelles Oussama Ben Laden serait malade ou blessé et peut-être même mort.
Dans un autre enregistrement audio diffusé le
23 avril, Oussama Ben Laden évoque pour la première fois la situation au
Soudan en appelant ses partisans à « se préparer à une guerre de longue durée au
Darfour ».
[réf. nécessaire]Deux nouveaux enregistrements audio attribués à Oussama Ben Laden sont diffusés le
23 mai et le
30 juin : le premier disculpe
Zacarias Moussaoui après sa condamnation à perpétuité dans le cadre des
attentats du 11 septembre 2001 et le second rend hommage à
Abou Moussab Al-Zarqaoui tué dans un raid américain à
Bakouba le
7 juin 2006.
Le
7 septembre 2007, la chaîne
Al-Jazira diffuse, quelques jours avant le sixième anniversaire des attentats du
11 septembre 2001, des extraits d'une vidéo d'Oussama Ben Laden, la première depuis près de trois ans
[15]. Le chef d'Al-Qaida, dont la voix a été officiellement identifiée par les services de renseignements américains, s'adresse aux
États-Unis et évoque la situation actuelle en Irak
[16]. Ben Laden y mentionne les noms du président français
Nicolas Sarkozy, élu en mai 2007, ainsi que le Premier ministre anglais
Gordon Brown qui a succédé à
Tony Blair en juin de la même année.
Organisation
Oussama Ben Laden a besoin de recruter des personnes prêtes à se
sacrifier. Il utilise pour cela le ressort religieux.
Le choix de cibles particulièrement spectaculaires, dans le cadre de ses opérations terroristes, montre tant un sens de la préparation tactique que de l'utilisation des
médias.
Concernant la conceptualisation du
terrorisme et le volet «
idéologique » d'
Al-Qaida, le « cerveau » est
Ayman al-Zawahiri.
[17] Ben Laden se serait contenté de financer les
attentats du 11 septembre, et l'opération aurait été proposée et orchestrée par
Khalid Cheikh Mohammed, selon les aveux de ce dernier et les conclusions du
rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis.
[18] Une vidéo diffusée par
Al-Jazira le
7 septembre 2006 montrerait cependant Ben Laden et ses lieutenants, dont
Mohammed Atef (mort en
Afghanistan en
novembre 2001), préparant les
attentats du 11 septembre.
Al-Qaida fonctionne comme une
franchise du
terrorisme islamiste. Des groupes comme celui d'
Abou Moussab Zarqaoui en
Irak ou ceux responsables des
attentat de Bali,
attentats du 16 mai 2003 à Casablanca,
attentats du 11 mars 2004 à Madrid,
Istanbul,
attentats du 7 juillet 2005 à Londres ou
attentats du 23 juillet 2005 à Charm el-Cheikh, se revendiquent d'
Al-Qaida mais ont une existence autonome. Il n'y a pas de hiérarchie pyramidale, on parle plutôt d'une
nébuleuse. L'organisation d'Oussama Ben Laden aurait ainsi financé de nombreux groupes terroristes islamistes sans s'impliquer dans leur fonctionnement.
La transmission du message médiatique est une méthode fondamentale pour Oussama Ben Laden. Les cassettes enregistrées et diffusées, souvent par la chaîne
Al Jazira en exclusivité, poursuivent plusieurs objectifs :
maintenir la
psychose du terrorisme dans les
démocraties occidentales, parfois en s'immisçant dans le jeu politique comme lors des
élections américaines en 2004.
rappeler son existence aux opinions publiques des pays musulmans en abordant des thèmes qui les touchent, pour faciliter le recrutement d'Al-Qaida.
réactualiser les objectifs du
djihad d'
Al-Qaida.
On suppose que les cassettes de Ben Laden sont acheminées depuis sa cachette au Pakistan ou ailleurs, après un trajet long et compliqué, et ne sont diffusées que plusieurs jours ou semaines après l'enregistrement. Paradoxalement, cet isolement n'empêche pas l'exploitation des ressources de la mondialisation des communications.
Motivations
Ben Laden condamne l'évolution de la
civilisation islamique depuis la suppression du
Califat (le dernier calife était le sultan ottoman jusqu'en 1924)
[19]. Cet objectif passe par un renversement des gouvernements arabes «
laïcs » et «
impies » protégés par les États-Unis. La plupart des actions terroristes revendiquées ou probablement exercées par Al-Qaida visent à déstabiliser ces régimes.
Parmi les positions politiques d'Oussama Ben Laden se retrouve la lutte contre ceux qu'il considère comme les «
croisés occidentaux », en premier lieu les Américains. Ce fut l'une des raisons principales de son rejet par la famille royale d'
Arabie saoudite. Lors de son interview
[20] par le journaliste
Robert Fisk en
1996, il avait notamment déclaré :
« Le peuple comprend maintenant les discours des
oulémas dans les
mosquées, selon lesquels notre pays est devenu une
colonie de l'
empire américain. Il agit avec détermination pour chasser les Américains d’
Arabie saoudite. […] La solution à cette crise est le retrait des
troupes américaines. Leur présence militaire est une insulte au peuple saoudien. »
Pour Oussama Ben Laden, les bases militaires présentes en
Arabie saoudite ne sont pas acceptables. Il souhaite que la présence américaine au
Moyen-Orient disparaisse, afin, selon sa
rhétorique, de recouvrer la «
liberté » du
peuple musulman. Si en
1991 Oussama Ben Laden s'insurge contre le pouvoir royal saoudien qui accepte l'installation des militaires américains, c'est parce que le territoire saoudien est considéré comme sacré (avec les lieux saints
Médine et
La Mecque) et que la présence de troupes «
infidèles » sur son sol natal est donc un
sacrilège pour tout
islamiste radical fondamentaliste. À l'origine ces bases américaines devaient être provisoires, le temps de remporter la guerre contre
Saddam Hussein. Lors de la dernière guerre en
Irak, l'
état-major américain n'a pas fait partir l'offensive américaine d'Arabie saoudite,
Riyad ayant refusé pour éviter des manifestations d'hostilité de la part des mouvances islamistes locales et à depuis fait retirer ses forces de ce pays.
Origines revendiquées du 11 septembre
La
Palestine et le
LibanOussama Ben Laden utilise dans sa propagande la référence à l'occupation
israélienne du
Liban sud lors de l'«
opération Paix en Galilée » en
1982. Il affirme avoir été affecté par les bombardements israéliens contre les
réfugiés palestiniens au cours de la
guerre du Liban.
« Je vous le dis,
Allah sait qu'il ne nous était pas venu à l'esprit de frapper les tours. Mais après qu'il fut devenu insupportable de voir l'oppression et la tyrannie de la coalition américano-israélienne contre notre peuple de
Palestine et du
Liban, j'ai alors eu cette idée. Les évènements qui m'ont affectés de manière directe ont commencé en
1982, lorsque l'Amérique a permis aux Israéliens d'envahir le Liban et que la
sixième division aérienne américaine les a aidés. Ce bombardement a commencé et a fait de nombreux morts et blessés, ainsi que des personnes terrorisées et réfugiées. Je ne pourrai pas oublier ces scènes, le sang, les membres déchiquetés, des femmes et des enfants gisant partout. Les maisons détruites ainsi que leurs occupants, des amoncellements de gravats sur leurs corps, des bombes qui pleuvaient sur nos maisons sans pitié. »
« Cette situation était comme un
crocodile rencontrant un enfant sans défense. Est-ce que le crocodile peut comprendre une conversation qui n'inclurait pas une arme ? Et le monde entier a vu, et entendu, mais il n'a pas répondu. »
Oussama Ben Laden exploite un sentiment de rancœur chez une grande partie des
musulmans de
Palestine et du
Moyen-Orient face à ce qui est ressenti comme une agression israélienne soutenue par les
États-Unis. Il qualifie lui-même les opérations israéliennes de « tyrannie » et d’« oppression ».
[21]La première
guerre d’Irak, et l’
embargoBen Laden a présenté l'
embargo économique contre l'
Irak et les bombardements réguliers de ce pays entre les deux guerres, comme une preuve que les États-Unis, par l'intermédiaire de leur président
George H. W. Bush, étaient des « assassins d'enfants ».
[22]L'embargo contre l'Irak aurait fait 500 000 morts parmi les enfants iraquiens, selon l'
Organisation des Nations unies (ONU)[23].
Le 11 septembre
Cette « agression » est initialement pour Oussama Ben Laden une question religieuse : présence militaire en Arabie saoudite (profanation d'une terre sainte) et soutien à
Israël qui occupe
Jérusalem (lieu saint). La
rhétorique sur la souffrance des Palestiniens ou des Irakiens est utilisée pour sensibiliser l'opinion du monde musulman à son combat mais n'est pas au centre des préoccupations d'Al-Qaida.
« Avec ces images en tête, les évènements du 11 septembre sont venus comme une réponse à ces terribles erreurs. Comment un homme pourrait-il être blâmé pour défendre sa maison ? Se défendre et punir l'agresseur est-il du terrorisme ? »
Ces actions terroristes, qui ont fait des victimes, sont condamnées par la plupart des musulmans. En effet, certains passages du
Coran condamnent la mort d'innocents
[24].
En outre, la présence indirecte américaine, incarnée par le soutien inconditionnel à l'État israélien, justifie pour Oussama Ben Laden, des attaques partout dans le monde des intérêts américains. À l'instar du « Pensez à l’échelle mondiale, agissez au niveau local » de
Raymond Williams, Oussama Ben Laden applique la stratégie inverse en pensant localement et en agissant globalement
[25].
Introduction du discours de Ben Laden, novembre 2004, vidéo diffusée sur
Al-Jazeerah :
« Avant de commencer, je vous dis que la sécurité est un pilier indispensable de la vie humaine, et que les hommes libres ne compromettent pas leur sécurité, contrairement à la falsification de George Bush, qui dit que nous détestons la liberté. Si c'était le cas, qu'il explique pourquoi nous ne frappons pas, par exemple, la Suède ? »
« Non, nous combattons parce que nous sommes des hommes libres, qui ne peuvent dormir sous l'oppression. Nous voulons restaurer la liberté de notre nation »
Les manipulations américaines selon Ben Laden
Oussama Ben Laden estime que
George Bush cache les raisons du 11 septembre, et ce, afin de tromper le peuple américain.
« Même si nous sommes dans la quatrième année après les évènements du 11 septembre, Bush continue la désinformation, et vous cache les causes réelles [des évènements du 11 septembre] […] C'était le message que je cherchais à vous faire comprendre en faits et gestes, de façon répétée, et ce, bien avant le 11 septembre. Et vous pouvez lire tout cela, si vous le souhaitez, dans mon interview avec Scott, dans le
Time Magazine, en
1996, ou avec Peter Arnett, sur
CNN, en
1997, ou lors de ma rencontre avec John Weiner, en
1998. […] Et vous pouvez lire mon interview avec Abdul Bari Atwan, et encore mes interviews avec
Robert Fisk. »
Il considère la nouvelle guerre d'
Irak de
2003, comme une tentative de
George W. Bush de « supprimer un vieil agent
Saddam Hussein, et de le remplacer par une nouvelle marionnette, qui permettra le pillage du
pétrole d'Irak et d'autres outrages. »
Oussama Ben Laden n'a aucun lien prouvé avec
Saddam Hussein bien que celui-ci lui a proposé l'
asile en
1999[26]. Au contraire, il semblerait
[27] que Ben Laden considérait
Saddam Hussein comme un «
socialiste »
infidèle[28].
Les vidéos de Ben Laden
Depuis les
attentats du 11 septembre 2001, Oussama Ben Laden s'est exprimé principalement par le biais d'enregistrements vidéos. Quatre de ces enregistrements ont été diffusés :
la première vidéo est datée du
9 novembre et est diffusée le
13 décembre 2001 dans laquelle Ben Laden assure que les destructions du 11 Septembre ont dépassé ses attentes.
la seconde est diffusée le 10 septembre 2003 : le chef d'Al-Qaida apparaît marchant avec Ayman Al-Zawahiri.
la troisième est diffusée le 29 octobre 2004 : quelques jours avant la présidentielle américaine, Al Jazeera diffuse une cassette dans laquelle Ben Laden menace les États-Unis de nouvelles attaques.
la dernière en date est diffusée le 7 septembre 2007 après avoir été découverte par le
SITE Institute avant sa diffusion programmée par Al-Qaeda : annonce la défaite américaine en Irak et critique de toutes les forces politiques : « pour expliquer l'échec des démocrates à mettre fin à la guerre, je dis : ce sont les mêmes raisons qui ont empêché le président Kennedy d'arrêter la guerre du Vietnam. Ceux qui possèdent véritablement le pouvoir sont ceux qui ont le capital le plus important. Et puisque le système démocratique permet aux grandes entreprises de soutenir les candidats à la présidence, on ne peut s'étonner - et on ne s'étonne pas - de l'échec des démocrates à arrêter la guerre (…) Vous sacrifiez vos soldats aux grandes entreprises
[29]. » Pour mettre fin à la guerre, il incite les Américains à s'islamiser : « le seul moyen d'obtenir la paix est de vous convertir à l'islam
[30]». De très sérieux doutes ont été émis quant à l'origine de cet enregistrement, de nombreux observateurs ayant remarqué que l'image de Ben Laden est figée pendant la majeure partie de la vidéo. On y voit par ailleurs un Ben Laden à l'aspect physique différent.
Le mercredi
19 mars 2008 la presse se fait l'écho d'un message sonore de menaces accompagné d'une animation vidéo diffusée sur un site internet
As-Sahab proche d'
Al-Qaida et sur laquelle on voit une lance transperçant la carte de l'
Europe où se répand le sangque. Selon la presse, Ben laden jugerait l'affaire des
caricatures de Mahomet comme portant atteinte à l'
Islam et il prédirait à mots voilés des attentats d'une grande envergure en adoptant des paroles énigmatiques tels que « N'écoutez pas nos paroles mais regardez nos actes » ou « la riposte sera ce que vous verrez et pas ce que vous entendrez" », Oussama Ben Laden veut marquer son retour et son désir de terroriser l'occident.
Actualité et rumeurs
Ben Laden aurait une fortune de 300 millions de dollars. Ce mythe a été démantelé par la publication en avril 2004 du Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis, qui a démontré que les attentats ont nécessité très peu d'argent. Ce chiffre avait été cité en 1996 par un chargé de recherches du département d'Etat, qui a d’abord divisé les actifs globaux du Groupe Ben Laden, qu’il évaluait à 5 milliards de dollars, par le nombre des fils de la famille, qu’il estimait à vingt. Il aboutissait ainsi à 250 millions de dollars, arrondis ensuite à 300 millions . Selon Ibrahim Warde, professeur associé à l’université Tufts, l'estimation même du capital détenu par le Groupe Ben Laden « reposait sur des informations fantaisistes relatives à la famille Ben Laden, aux droits et pratiques d’héritage, à la véritable valeur de l’entreprise familiale et à sa structure de propriété » . L'une des sources de désinformation concernant le financement d'Al-Qaida et de Ben Laden était le journaliste Jack Kelley, d’USA Today, qui a démissionné en mars 2004 suite à la découverte d'un nombre incalculables d'articles bidonnés .
Maladie ou décès de Oussama Ben Laden
Ben Laden souffrirait d'
insuffisance rénale chronique nécessitant des traitements et serait sous
dialyse. Selon d'autres sources, il n’est pas sous dialyse et ne souffre pas de problèmes de reins – c’est un mythe (Miniter, Disinformation, Regenery, pp. 33-38).
Le chef d'Al-Qaida a de nombreuses fois été annoncé mort. En
janvier 2002, le président du
Pakistan,
Pervez Musharraf estimait que l'islamiste serait mort de déficience rénale. En
juillet 2002 le chef du
FBI Dale Watson pensait qu'il n'était « probablement plus de ce monde ». En
décembre 2002, c'est le chef de la diplomatie pakistanaise,
Khurshid Kasuri, qui affirme que Ben Laden avait succombé à la suite d'opérations militaires américaines.
Le
23 septembre 2006, le quotidien français
L'Est républicain révèle l'existence d'une note classée
confidentiel défense de la
DGSE qui indique que les services secrets saoudiens seraient convaincus qu'Oussama Ben Laden serait mort le
23 août 2006 d'une crise de
fièvre typhoïde. Le président
Jacques Chirac, surpris de la divulgation de l'information, a déclaré que « cette information n'est en rien confirmée ».
Le
2 novembre 2007,
Benazir Bhutto, feu candidate à la présidence du
Pakistan, mentionnait dans une entrevue avec
David Frost sur les ondes d'
Al Jazeera English, le nom d'un homme «qui a tué Oussama Ben Laden"